Ségolène Royal : Discours de Toulouse

Publié le par Nicolas Gatineau


Pour regarder la vidéo : cliquez ici

Comme vous pourrez le constater en regardant cette vidéo, contrairement à ce que dit Valérie Pécresse, Porte Parole de Nicolas Sarkozy sur son blog (voir article précédent), celui dont elle prétend qu’il soutient Nicolas Sarkozy, José Luis Zapatero, Président socialiste du Gouvernement espagnol.

 

Est-elle si mal informée ? Pense-t’elle que José Luis Zapatero est myope au point de prendre Nicolas Sarkozy pour Ségolène Royal.

 

Et après, ces gens là viennent nous dire que notre candidate manque de compétences !

 

Après tout, il vaut mieux en rire et passer aux choses sérieuses.

 

"Bonjour Toulouse !

Merci, Jose Luis Zapatero de venir nous apporter la flamme et la chaleur de l’Espagne.

Merci d’être là aussi nombreux, militants, citoyens, rassemblés, chaleureux. Encore trois jours avant le premier tour de l’élection présidentielle ! Aidez-moi, portez-moi, c’est vous qui m’avez faite et c’est avec vous que nous gagnerons.

Je veux lancer ici, à Toulouse, un appel à la mobilisation.

Venez voter, venez massivement voter, Françaises, Français, mes chers compatriotes, une page de l’histoire de France est en train de s’écrire, chacun, chacune doit contribuer à cette histoire et le premier message que je vous donne, c’est celui : la démocratie a besoin de vous, la République a besoin de vous car aujourd’hui elle est menacée par une fracture républicaine.

Alors levons-nous vers ce vote conscient, levons-nous vers ce vote utile pour la France car la France a envie de changement, la France a besoin de se relever, la France a besoin d’être plus juste pour être plus forte, et c’est dès dimanche prochain que nous devons le dire à la face du monde !

Merci à tous les élus de la ville, du Département et de la Région d’être là, à tous les responsables nationaux d’être ici rassemblés, à tous les socialistes au premier rang desquels François, notre premier secrétaire, aux radicaux, à Jean-Pierre Chevènement ; merci à Danielle Mitterrand de sa présence, elle qui mène depuis des années une lutte à l’échelle de la planète pour que tous les êtres humains puissent accéder à l’eau potable. Voilà une belle et juste cause que la France devra défendre !

Et surtout merci à toi, Jose Luis, d’avoir pris sur les devoirs de ta charge le temps de venir jusqu’ici m’apporter un soutien qui, venant de l’ami espagnol, chef d’un gouvernement inventif et profondément réformateur, me va droit au cœur et fait honneur à tous ceux qui sont dans cette salle.

Oui, je me bats, je me bats avec vous, d’abord pour être en finale, et ensuite pour faire gagner la France présidente !

Et nous voici dans la ville rose, et la plus espagnole de toutes les grandes villes : Toulouse, terre d’accueil des républicains espagnols quand quatre généraux félons, comme le disait l’un de leur chant, écrasaient de l’autre côté des Pyrénées la légalité démocratique et l’aspiration d’un peuple à la liberté. La botte franquiste précéda de peu la botte nazie s’abattant sur l'Europe et nombre de ceux qui avaient combattu la dictature chez toi continuèrent la lutte chez nous. C’était des étrangers, c’était des immigrés, mais d’une exceptionnelle vaillance et nous les avons accueillis. Ils savaient, eux, lier solidement ensemble l’amour de la patrie et l’engagement internationaliste. Des brigades internationales aux maquis de la résistance française, l’histoire a scellé entre nous, quand il était minuit dans le siècle, d’une fraternité d'armes fondée sur un idéal partagé. Et c’est ici que je veux le rappeler à Toulouse.

Ce fut ensuite à notre tour d’épauler les militants espagnols condamnés à l’action clandestine. Entre notre deux pays, les Pyrénées ne sont pas une barrière car en ce temps-là on y traçait ces chemins de la liberté qui préparaient au prix des plus grands risques les basculements de l’histoire à venir. L’Espagne démocratique est aujourd’hui, grâce à toi, solide, sur ses bases, et la voilà devenue pour nous une source d’inspiration, d’admiration même, tant elle bouscule hardiment les dogmes qui inhibent l’action publique. Elle inaugure les voies nouvelles pour faire vivre dans le monde d’aujourd’hui un socialisme du 21e avec toi, Jose Luis Zapatero !

Alors, c’est vrai, pour nous qui sommes engagés dans la dernière ligne droite d’un beau et rude combat qui va décider pour longtemps de l’avenir de la France, pour nous qui voulons que les Français aient un choix clair et ne soient pas une nouvelle fois frustrés de leur décision, ton appui aujourd’hui est la certitude que nous pourrons demain nous épauler pour aller de l’avant, c’est une chance et c’est une force.

Je crois, moi, dans l’action politique, à la parole tenue. Tu es celui qui a respecté sa promesse et, conformément à l’engagement pris devant le peuple espagnol, tu as retiré les troupes du bourbier irakien. Je crois moi aussi également au desserrement des contraintes bureaucratiques qui étouffe l’intelligence des territoires. Bien sûr, nos traditions institutionnelles ne sont pas les mêmes et chacun doit chercher ses réponses dans le contexte qui est le sien, mais tu as décentralisé à l’espagnole et je suis pour ma part bien décidée à entamer une nouvelle étape de la régionalisation à la française pour accroître l’efficacité de la puissance publique tout en renforçant les égalités territoriales. .

Et puis, tu l’as rappelé tout à l’heure, ton gouvernement a posé tous les actes fondateurs de la lutte contre le machisme avec un gouvernement paritaire, bientôt les conseils municipaux, bientôt les conseils d'administration des grandes entreprises, et tu as fait adopter une loi exemplaire contre les violences de genre.

Ce fut pour moi une raison de plus d’entreprendre une loi cadre contre les violences faites aux femmes qui ne laisse aucune dimension de côté ; et puis tu as eu le courage de faire la réforme du mariage pour les homosexuels.

En même temps, l’Espagne a renforcé les solidarités fondamentales et a prouvé qu’avec un gouvernement de gauche on pouvait réconcilier le progrès social et l’efficacité économique. Je crois moi aussi, par rapport à tout ce que tu as fait pour toutes les personnes en situation de dépendance, et tu me confiais tout à l’heure ta fierté à ce sujet, je crois aussi que le degré de civilisation et d’humanité d’une société se juge à la façon dont elle traite ceux de ses membres que l’âge ou la maladie fragilise et son aptitude à ne pas tenir compte de l’exclusion que révèle le handicap. Moi aussi, je veux que la France ne soit plus handicapante ou invalidante pour ceux, enfants, adultes ou anciens, qui ont en réalité tant à lui apporter, à condition qu’elle veuille s’en donner les moyens et qu’elle lance un regard différent sur tous ceux qui sont les plus fragiles.

Nous partageons aussi hardiment cette conviction, celle d’engager nos pays dans la lutte contre le réchauffement climatique et pour la protection de la planète. Je veux aussi que la France prenne le tournant de l’excellence écologique et que cet engagement soit source de croissance, comme l’Espagne a décidé de le faire.

Tu as montré que ton pays est devenu l’un des leaders mondiaux des énergies éoliennes et solaires, à nous de rattraper notre retard par rapport à un gouvernement français de droite qui n’a cessé, au cours de ces cinq dernières années, de freiner l’engagement du pays dans la révolution écologique, prisonnier des lobbies, des clientélismes, des conformismes, des puissances de l’argent ; et il faudra, dans ce domaine, rattraper notre retard. Nous ferons de la France le pays de l’excellence écologique !

Tu as montré aussi que tu es un homme de courage, et demain nous aurons sans doute à coopérer dans la lutte contre le terrorisme. Tu es confronté à cette épreuve et tu as su toujours montrer comment chercher la paix sans abaisser la garde, et je crois que c’est la bonne façon de faire.

Et puis, comme tu me l’as dit la dernière fois où je suis venue à Madrid, ce n’est pas toi qui dirais que les immigrés qui viennent travailler dans les entreprises espagnoles menacent l’identité nationale espagnole. Tu as su trouver les mots pour dire tout ce que leur travail apporte à l’Espagne : leur contribution à la croissance, à l’équilibre des comptes sociaux ainsi que leur droit au respect et à la dignité. Nous sommes l’un et l’autre partisans d’une juste régulation de l’immigration, mais nous partageons aussi cette conviction de fond : seules des politiques de co-développement efficaces, élaborés avec les pays d’émigration, en partenariat avec les pays du Sud de l'Europe, en dialogue constant avec la Méditerranée et avec l’Afrique permettront de mettre fin aux migrations de la misère et de faire émerger les pays pauvres vers la croissance à laquelle ils ont droit.

Nous avons en effet une approche voisine du rôle de l’espace méditerranéen et de l’enjeu du développement de l’Afrique dans un monde où le marché, livré à lui-même, creuse inexorablement les inégalités entre pays riches et pays pauvres. Et nous refusons de penser les mutations de ce monde et leurs risques inédits dans les termes erronés et dangereux d’une supposée guerre des civilisations. Cette grille d’interprétation, c’est celle de tous les fanatismes et l’alibi de toutes les impuissances. Et nous, nous n’irons pas nous mettre à genoux devant George Bush. Nous défendrons, en Europe, l’émergence d’un monde multipolaire à l’abri des tentations impériales d’un autre temps. Et je salue l’initiative que tu as prise en lançant cette alliance des civilisations que boude aujourd’hui une droite française inconsciente de l’importance de ce dialogue ; mais demain, avec la France neuve, nous rejoindrons ce beau projet que tu as mis en mouvement.

« On va gagner ! »

Oui, je sais…

Et nous aurons demain à défendre ensemble les mêmes valeurs humanistes au sein de l'Europe. Je sais que toi aussi tu refuses cette vision que certains défendent : la traque du gène de la délinquance avant l’âge de trois ans, le déterminisme biologique de la pédophilie, l’énigme génocidaire du peuple allemand qui, nous dit-il : « échapperait à l’explication rationnelle et relèverait en somme de l’inéluctable », propos irresponsables qui font insulte au bon sens, à ce que la science nous a appris et au passage à l’amitié franco-allemande, et à la mémoire de ceux qui, outre-Rhin, résistèrent au nazisme et qui ne sont pas moins allemands que les autres.

Mais, avec de telles théories, avec une telle vision du fatalisme et du déterminisme du candidat de l’UMP, pourquoi, s’il croit si peu à l’éducation et à la marge de manœuvre du pouvoir politique, et à la façon d’échapper au fatalisme et au déterminisme, pourquoi, s’il y croit si peu, pourquoi y pense-t-il si fort alors pour lui-même, avec les œillades lancées à l’extrême droite pour franchir ce qu’il appelle la dernière marche ?

Son projet, c’est de prendre le pouvoir. Le mien, c’est de vous le rendre pour écrire avec vous l’histoire de France.

Son projet, c’est lui ! Mon projet, c’est vous !

Oui, mon projet, c’est vous parce que je veux que les pouvoirs publics et l'État fonctionnent bien et donnent à chacune et à chacun, d’où qu’il soit et d’où qu’il vienne, la possibilité d’apporter son action et sa pierre à la construction de cette France neuve que nous voulons voir se lever, chacun en est digne. Et, voyez-vous, l’immense force d’une grande démocratie, c’est de donner à chacun la certitude intime de son rôle indispensable au progrès de tous les autres. Voilà le projet que je vous propose de construire.

La droite a mis le pays en déclin, ce qui lui permet aujourd’hui d’exploiter les nostalgies ou les peurs. Et tous les faits divers, vous l’avez vu, sont bons à être utilisés sans vergogne. Eh bien, moi, je vous appelle à refuser cela, à refuser ce repli de la France sur elle-même, cette tentation d’indifférence. Les conservateurs préfèrent toujours les pays tournés sur eux-mêmes car ensuite c’est beaucoup plus facile pour exploiter les divisions, les encourager afin de faire semblant de feindre ensuite de trouver les solutions. Oui, le pays est en déclin, mais le peuple français ne l’est pas ! Le peuple français n’est pas en déclin, il a de l’audace, de l’élan, de la volonté, de l’énergie.

Jose Luis, vois-tu ce soir à Toulouse un peuple qui te semble en déclin ? Non !

Est-ce que ce soir nous avons devant nous un peuple qui n’aurait plus confiance en lui-même ? Moi, je vois au contraire un peuple français en mouvement, en audace, en volonté de changement, un peuple qui a envie que la politique reprenne ses droits, et tous ses droits, un peuple français qui ne demande qu’à grandir, qu’à s’élever.

Et, Jose Luis, tu pourras dire à nos amis Espagnols que les Français sont repartis de l’avant, qu’il y a en France une force, un enthousiasme qui ne demandaient qu’à être réveillés. Il est là, il se lève, entendez-le !

Un souffle se lève. Ce vent debout, cet appétit d’ordre juste, ce désir de changement profond s’appelle la France présidente !

La France présidente, c’est réconcilier les libertés individuelles et les garanties collectives à l’opposé du chacun pour soi pour que le bien né et que le meilleur gagne soient les seuls à l’emporter. La France présidente, c’est l’harmonie d’un destin personnel, épanoui dans une société solidaire. Chaque citoyen est un être irremplaçable, chacun d’entre vous et d’entre nous constitue une valeur unique. Non, rien n’est joué à la naissance. Non, et c’est la noblesse de la politique et de la politique à gauche, de considérer que rien ne doit être joué à la naissance, que le sort de chacun n’est pas verrouillé à l’avance par une sorte de loterie invisible.

Nous affirmons tous ensemble que toute société juste et solidaire peut et doit conjurer, réparer, atténuer les fragilités de toutes sortes qui pèsent sur le début de la vie, voilà l’objectif que je vous propose.

Et c’est le rôle de l’éducation, d’abord, de l’éducation, encore l’éducation, toujours l’éducation.

C’est le rôle, ensuite, bien sûr, des services publics, et c’est surtout le rôle, enfin, d’une plus juste répartition des richesses pour faire en sorte que le travail soit moins taxé que le capital et que le capital rapporte moins que le travail, comme nous l’ont encore redit à l’instant les salariés d’Airbus en colère contre ces provocations des rémunérations insolentes des grands dirigeants des entreprises.

Et, à Toulouse, comme j’étais tout à l’heure aux côtés de Martin Malvy, à Toulouse, c’est là que nous devons lui demander de rembourser. Demandez-lui ! Remboursez l’argent à l’entreprise !

La France présidente, c’est celle qui réhabilite la valeur du travail. La droite a volé le mot, et en fait elle a fait tout le contraire. Ce n’est pas en précarisant le travail, ce n’est pas par le CPE, ce n’est pas par la baisse des salaires que l’on revalorise le travail, mais c’est au contraire en prenant les moyens de réaliser une société de plein emploi, en donnant d’abord du travail à ceux qui n’en ont pas, en gagnant la bataille contre le chômage de masse, en augmentant le SMIC et les bas salaires, en augmentant les petites retraites pour lutter contre la vie chère.

La France présidente, c’est celle qui va savoir concilier l’agilité dont les entreprises ont besoin pour affronter la compétition mondiale et la sécurité nécessaire à laquelle les salariés ont droit, et nous le ferons en créant la Sécurité sociale professionnelle qui permettra de lutter contre le chômage tout en gagnant de la compétitivité économique.

La France de la valeur travail, c’est celle qui paie le travail à son juste prix et qui ne laisse pas les travailleurs et les familles être obligés, pour joindre les deux bouts, d’accumuler les heures supplémentaires. C’est la France du pouvoir d'achat, pas celle de la vie chère et des sur-tarifications bancaires. Oui, les abus bancaires seront sévèrement réglementés pour que les banques cessent de faire leurs principaux profits sur le dos des catégories modestes et moyennes ; et elles seront priées de remplir leur vraie mission, à savoir prendre des risques pour que les entreprises, petites et moyennes, se développent. Voilà la responsabilité des banques, pas celle de sur-endetter les familles.

Et puis il y a une manière beaucoup plus efficace de régler les déficits de nos comptes sociaux que d’en faire peser le coût sur les plus pauvres ou sur les classes moyennes en baissant les remboursements. Débloquer l’économie, c’est d’abord augmenter le nombre de ceux qui travaillent, Et donc ceux qui cotisent, c’est cesser les cadeaux clientélistes sans aucune contrepartie aux entreprises, c’est pratiquer la juste répartition des efforts, de la culture de l’efficacité. Et la France présidente, c’est celle de l’amélioration des conditions de travail, c’est la France où l’on dira haut et fort, enfin, qu’il n’y a pas de fatalité à tous ces accidents, à toutes ces maladies professionnelles dont le coût humain et financier est chez nous exorbitant. C’est une France qui n’acceptera plus les discriminations à l’embauche parce qu’on n’aura pas la bonne couleur, ne le bon nom, ni la bonne adresse, ni la bonne origine, et cette lutte-là sera le combat de la France présidente !

Car, la France présidente, c’est celle qui prend soin de ses enfants, de tous ses enfants dans leur diversité car elle a compris que c’est là qu’est sa force, que c’est là qu’est son avenir, prendre soin de tous ses enfants tout en protégeant ses anciens et en leur garantissant une retraite décente et l’accès aux soins.

La France présidente, c’est celle qui investit dans la formation, dans la qualification à tous les âges de la vie. La France présidente, c’est celle qui tiendra pour chacun la promesse scolaire de la République et qui n’acceptera plus que certains soient programmés pour réussir et les autres pour échouer.

Elle tiendra sa promesse égalitaire.

La France présidente sera aussi une France artistique et culturelle et qui gagnera le combat pour la démocratie culturelle, et elle prendra tous les moyens de remettre à l’école, les moyens que la droite lui a enlevés, et cela dès la prochaine rentrée scolaire. Elle apportera aux enseignants la reconnaissance du pays, les moyens d’accomplir leur noble mission, les conditions du respect qui leur est dû et elle apportera à chaque élève qui décroche le soutien scolaire individualisé gratuit dès la prochaine rentrée scolaire. Voilà le combat que nous gagnerons.

La France présidente, c’est le parti pris de cesser d’opposer ce qui doit marcher ensemble : performance économique et performance sociale, excellence économique, excellence écologique. C’est cela la réconciliation de l’intérêt bien compris du pays, des salariés et des entreprises avec des règles du jeu nouvelles, claires et bien comprises de tous.

La France présidente, c’est une France donc assurée d’elle-même et de ses solidarités, et donc capable de se tourner vers le monde tel qu’il est et de peser sur le cours de la mondialisation. Car le choix est clair : la mondialisation sera, soit un chaos, soit une chance : un chaos si nous laissons faire et si nous laissons aller, une chance si nous pesons de toutes nos forces pour remédier à l’échange inégal qui a spolié pendant tant d’années l’Afrique, une partie de l’Asie et l’Amérique du Sud.

Une chance si la faim et la maladie reculent, si les médicaments sont partagés, si le savoir est partagé, si les cultures se mélangent et s’échangent, mais un drame, un terrible drame si chacun s’y replie, dresse des barrières, installe des miradors à ses frontières et si l’autre, au lieu d’être une opportunité, devient un intrus et, pour finir, un ennemi. Et ce monde-là, nous n’en voulons pas.

À nous de construire, avec la France et avec l'Europe, les digues du nouveau monde dont nous avons tous besoins les uns, les autres. C’est évident !

Oui, bien sûr, la France a besoin de tous les siens, elle doit être attentive aux plus vulnérables, à ceux qui vont bien comme à ceux qui se sentent tirés vers le bas et qui craignent de dévisser. C’est la France qui accompagne ceux qui prennent des risques, qui se lancent, qui créent, qui redonnent courage aux plus faibles, mais c’est aussi la France qui s’adresse à tous ses enfants délaissés, désaimés, parfois maltraités. C’est ainsi et ainsi seulement que nous surmonterons, et nous savons que nous réussirons à surmonter ces crises économique, sociale, écologique, éducative, politique et morale qui nous bloquent. Nous allons débloquer la France, la relever et lui dire qu’il est possible d’aller en avant.

Je demande à tous les citoyens de gauche de se rassembler massivement dès le premier tour. Au-delà de la gauche, je demande à tous ceux, hommes et femmes qui partagent un certain nombre de principes, de principes fondamentaux auxquels je crois, et ces principes qui vont permettre à la France de se redresser et sans lesquels la France continuera à s’enfoncer dans le déclin, mais, je l’ai dit tout à l’heure, ce n’est pas une fatalité.

Alors, je lance ici un appel à Toulouse, à ceux qui se retrouvent sur les valeurs qui sont les suivantes, et sur lesquelles vous allez me donner votre avis, je leur demande de se mobiliser dès le premier tour.

Voulez-vous, je le demande à tous ceux qui réfléchissent à travers cette grande salle, aujourd’hui dans tous le pays je m’adresse à eux, ceux qui réfléchissent encore, je leur demande : souhaitez-vous oui ou non que les valeurs humaines l’emportent toujours sur les valeurs financières et sur les valeurs boursières ?

À ceux et celles qui hésitent, je demande : pensez-vous, oui ou non, qu’il est possible de réformer la France sans la brutaliser ?

Pensez-vous, celles et ceux qui hésitent, et je comprends leur hésitation parce que le choix est grave, il va engager la France pour les années qui viennent, et sans doute définir son visage pour une génération compte tenu de la profondeur des crises que j’ai évoquées tout à l’heure, alors, oui ou non, pensez-vous qu’il est possible de réconcilier les solidarités fondamentales, la liberté individuelle et l’efficacité économique ?

Pensez-vous qu’il est enfin grand temps de remplacer la loi du plus fort par la loi du plus juste ?

Et enfin, pensez-vous que vous avez quelque chose à dire, quelque chose à faire, quelque chose à construire pour qu’enfin un ordre juste remplace tous les désordres injustes qui créent tant de violence, de fragilité, de frustration et de colère ? Alors, si vous pensez tout cela, si vous vous rassemblez sur ces valeurs, alors je vous lance un appel : venez voter, soyez très nombreux dès dimanche prochain pour dire quelles valeurs et quel visage vous voulez donner à la France !

Je veux que demain la France soit un pays apaisé, ayant confiance en lui, où tous les Français se reconnaissent et s’aiment en elle. La France présidente n’a pas le masque de la peur parce que la peur est l’ennemi irréductible de la liberté du citoyen. Un seul désir suffit pour peupler tout un monde. Et ce désir, c’est le nôtre, c’est le vôtre, c’est notre désir d’avenir.

La France présidente, c’est vous. C’est une France mobilisée pour dépasser ses difficultés, pour engager les mutations nécessaires que l’on sait difficiles. C’est une France qui sait que l’être humain ne peut rien faire qu’en s’associant, qu’il n’y a as d’armure plus solide, ni d’outil plus merveilleux pour les grandes causes, et voilà à quoi je vous engage.

Tous les problèmes ont été révélés au cours de cette campagne par des voix fortes, et la plus forte de ces voix, c’est la voix du peuple français qui s’est exprimé en prose, en vers, en musique, en parlant haut et fort dans les maisons, dans les rues, dans les fermes et dans les cafés, dans les halls, dans les salles, et ce soir à Toulouse, je vous ai écoutés, je vous ai entendus, et c’est parce que nous laisserons aussi après s’exprimer ces voix, et je vous demande cette parole que vous avez prise de ne jamais la lâcher parce que c’est comme cela que la sérénité reviendra dans la France que nous voulons.

Je voudrais, avant de nous séparer pour nous retrouver dimanche prochain, dédier à Jose Luis Zapatero quelques phrases de l’un de nos plus grands poètes, Louis Aragon, qu’il a écrites en hommage à l’un des plus grands poètes espagnols, Frederico Garcia Lorca, assassiné par la milice fasciste à Grenade : « Un jour viendra, un jour d’épaules nues où les gens s’aimeront, un jour comme un oiseau sur la plus haute branche. »

Chers amis de Toulouse, ce jour viendra, il arrive, un seul désir suffit pour peupler tout un monde, c’est à ce jour que je vous appelle aujourd’hui car la victoire, comme disait François Mitterrand, vous ne la rencontrerez que si vous la forcez. C’est une affaire de volonté, de continuité, de clarté d’esprit dans la fidélité aux engagements. La chance, c’est vous qui la forgerez de vos mains.

Alors, je vous le demande, forçons cette chance de nos mains pour que dimanche prochain nous puissions donner le premier signe à cette France qui a envie de se relever, et c’est pour cela que je me bats.

C’est pour cela que je veux, ici, à Toulouse, avec votre élan, avec votre chaleur, au sens propre comme au sens figuré, avec votre énergie, avec votre audace, avec votre tendresse, devenir la présidente de cette France présidente, vive la République, vive la France !"



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